En 2009, l’Administration Turque et les bailleurs de fonds étaient d’accord pour procéder aux travaux nécessaires pour empêcher l’effondrement de la coupole de Kızıl kilise, l’Eglise rouge.
Cette coupole surmonte la croisée du transept et couronne le monument.
Pour passer de la forme carrée du transept à l’octogone proche du cercle de la base de la coupole, des voûtes spéciales, appelées trompes, enjambent les angles du carré. Ces trompes étaient très dégradées.
Juste sous ces trompes, au sommet de la tour carrée, des poutres en bois, larges d’une dizaine de centimètres, étaient disposées horizontalement : elles remplaçaient les pierres de taille sur les deux faces des murs et avaient pour rôle de chaîner la maçonnerie et d’égaliser ainsi les lentes déformations de ces structures complexes.
Sur les huit poutres d’origine, une seule subsistait en partie : des petits morceaux prélevés ont été datés par C14. Ils datent du VIe siècle.
Ainsi, à la place des poutres en bois disparues, une amorce de destruction faisait le tour de la base d‘appui des trompes. Des pierres de taille sont tombées, la couverture des trompes les protégeant de la pluie a disparu, une évolution rapide depuis 1907, en un siècle, s’est produite : voir les photos prises par Gertrud Bell en juillet 1907.
Le projet retenu consistait, en premier lieu, à reprendre les maçonneries de la croisée du transept dans la partie de la tour située au-dessus des quatre arcs du transept laissés inchangés. Ces arcs assez dégradés, (effet d’un séisme ?), paraissaient suffisants en l’état.
Tout l’effort a porté sur la réparation des maçonneries du carré, situées audessus des arcs, puis sur la réparation des trompes, pour réaliser un octogone de base stable : établissement d’un échafaudage, apport des pierres de taille manquantes, complément des grandes pierres de taille endommagées, rétablissement des poutres en bois, renforcement des liaisons entre pierres de taille par des barres métalliques scellées au plomb.
Les maçonneries du tambour octogone présentaient peu de dégâts : les pierres disjointes ont été réparées.
Les plus gros dégâts étaient en effet concentrés dans ce passage du carré à l’octogone.
La maçonnerie très particulière de la coupole (et des voûtes), composée d’un matériau très peu dense (à peu près la moitié de la densité habituelle), était percée d’un trou à son sommet. Il a suffi de quelques mœllons pour le boucher.
L’emploi de ce matériau, remarquable par son faible poids, rapproche Kızıl kilise de Sainte Sophie de Constantinople et de Saint Vital de Ravenne, églises construites aussi au VIe siècle : emploi d’un matériau allégé pour la coupole et les voûtes. Cependant, dans ces trois cas, les matériaux utilisés sont différents : pierre légère et sable pouzzolanique à Kızıl kilise, brique avec ajout de pouzzolanes à Sainte Sophie, élément creux tronconique en terre cuite à Saint Vital.
La couverture, protégeant la coupole de la pluie et de la neige, était inaccessible et a nécessité la pose d’un échafaudage particulier en août 2011. Elle paraissait constituéee par des tuiles, taillées dans la roche, disposées suivant une pyramide à base octogonale.
Une visite attentive a montré que la plupart des tuiles étaient simplement posées sur le tas de pierres légères qui fait passer de la sphère de la coupole à la pyramide octogone : elles étaient toutes déplacées.
Pas de charpente pour accrocher les tuiles, ni de rebord en bas pour fixer le pied des chaînes de tuiles. Certaines tuiles étaient tombées. La tuile particulière marquant le sommet de la pyramide caractérisée par une forme cylindrique, (comme un bouchon), n’était plus en place.
La réutilisation de la couverture existante est apparue impossible.
Un projet de reconstruction était arrêté au début octobre 2011 pour un achèvement de la couverture à la fin décembre 2011, alors que les premières neiges étaient déjà tombées. La surface à couvrir était de 50 mètres carrés.
Le projet retenu diffère de la réalisation d’origine. En effet, il y a deux façons de dessiner ce dallage qui collecte les eaux.
Chaque chaîne de tuiles constitue un chenal : soit ce chenal a pour direction celle de la ligne de pente de la face de la pyramide qu’il dessert, soit sa direction se rapproche de celle de l’arête la plus voisine de cette face.
Dans la solution “ligne de pente“, les chenaux sont parallèles à l’exception des chenaux chevauchant les arêtes.
Dans la solution “convergence” au sommet de la pyramide, les chenaux sur arêtes ne sont pas singuliers : à la place d’une pyramide le visteur aperçoit un cône.
À l’origine c’était la solution “convergence“ qui avait été choisie par les bâtisseurs de Kızıl kilise.
Pour la restauration en 2011, ce fut la solution “ligne de pente”, avec ajout d’un larmier fixant le pied de chaînes de tuiles.
Enfin, dernier détail, la pierre spéciale marquant le sommet a bien été prévue par l’entreprise, une sorte de cylindre, mais il reste à la poser.
Les travaux ont été réalisés sous la direction du Professeur Ismet Ağaryılmaz par l’Entreprise Mimsan. Le contrat fut approuvé en avril 2011, les travaux ont démarré en mai 2011 par la présentation des équipes et le chantier s’ouvrit fin juin 2011 et se clôtura fin décembre 2011.